mardi 27 mai 2014

Vers une stratégie nationale de suivi et évaluation pour le Plan Sénégal émergent (Pse)

Source http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=39893%3Avers-une-strategie-nationale-de-suivi-et-evaluation-pour-le-plan-senegal-emergent-pse&catid=238%3Aidees-et-reflexions&Itemid=119 Vers une stratégie nationale de suivi et évaluation pour le Plan Sénégal émergent (Pse) TUESDAY, 27 MAY 2014 03:21 WRITTEN BY BOUBA SOW Write e-mailPrintPDF PSE logo 2Cette contribution vise à appuyer (si besoin en était) les autorités dans la mise en place d’un système performant de S&E axés sur les résultats pour le Plan Sénégal émergent (Pse) validé et adopté au niveau national et salué positivement par la communauté internationale. Notre pays à travers ce Pse est à la croisée des chemins, pour le bénéfice des populations tout doit être mis en oeuvre pour un succès. Pse, vision et stratégie partagées La vision 2035 déclinée à travers le Pse, décrit une société sénégalaise qui sera caractérisée par « une économie compétitive soutenue par une croissance forte aux fruits mieux répartis, sur l’ensemble du territoire; une population instruite, bien formée et engagée au niveau des communautés locales et nationale, une meilleure qualité de vie; la paix, la stabilité et la démocratie; la bonne gouvernance et l’aménagement dynamique et équilibré des territoires. » Le Pse qui s’appuiera très fortement durant sa première phase 2014-2018 sur trois leviers porteurs de croissance que sont l’agriculture, l’énergie et les infrastructures, comporte trois axes essentiels : (i) Transformation structurelle de l’économie et croissance ; (ii) Capital humain, protection sociale et développement durable ; et (iii) Gouvernance, institutions, paix et sécurité. Le Pse a rencontré une très forte adhésion des différents partenaires techniques et financiers du Sénégal qui se sont engagés à soutenir la mise en oeuvre de la première phase lors de la rencontre du groupe consultatif (Paris, 24-25 février 2014). Cette forte adhésion a été surtout facilitée par la cohérence du Pse, l’engagement du Chef de l’Etat, M. Macky Sall et nos acquis importants en stabilité politique et bonne gouvernance. Pse et gestion axée sur les résultats (Gar) Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, un Chef d’Etat a donné des engagements fermes à mettre en place un système de suivi et évaluation performant de la stratégie nationale qui facilitera la reddition des comptes et la culture des résultats. Plusieurs programmes sous-sectoriels exécutés au Sénégal ont connu des systèmes de gestion axée sur les résultats de façon individuelle. Il n’existe pas encore, même au niveau sectoriel de systèmes de S&E consolidés et performants. Avec l’avènement du cadre de dépenses sectorielles à moyen terme (Cdsmt) à partir de 2000, certains ministères comme la santé, l’éducation, l’agriculture, l’environnement, l’économie et les finances, ont tenté de mettre en place des systèmes de planification axés sur les résultats, mais n’ont jamais su mettre en place des systèmes sectoriels de S&E performants. Alors que la mise en place de ces systèmes est un engagement de tous les pays pour l’amélioration de la transparence et la culture des résultats. Processus de réformes publiques et Gar Au cours des années 1990-2000, la plupart des pays ont entrepris de vastes réformes du secteur public. Même les pays développés n’ont pas échappé aux pressions pour une meilleure gestion des ressources publiques. Le passage en 1993 à la Loi sur la Performance et les résultats a été le principal moteur de la réforme du gouvernement fédéral aux États-Unis. Au Royaume-Uni, la publication d'un Livre blanc en 1995 sur l'amélioration de la comptabilité pour l'argent des contribuables a été une étape clé engageant le gouvernement à l'introduction de la comptabilité des ressources et la budgétisation. En Australie, le principal moteur de changement a été l'introduction de la régularisation basée sur des résultats et la budgétisation par produits (Output Budgeting). Au Canada, le Bureau du vérificateur général et le Secrétariat du Conseil du Trésor ont été les principaux promoteurs de réformes au sein du gouvernement fédéral. Ces réformes en Afrique, concerneront: une meilleure prise en compte des aspirations démocratiques, des alternances démocratiques paisibles, renforcement des organisations de la société civile, de l’équité et de la prise en compte du genre, meilleure prise de conscience citoyenne ; introduction de nouvelles démarches de planification plus participatives : lois d’orientations, Stratégies nationales, programmes sectoriels. Introduction de nouveaux instruments de programmation et de gestion budgétaire. A l’occasion du Sommet du Millénaire des Nations Unies de septembre 2000, les chefs d’État du monde entier se sont engagés à atteindre, pour 2015, des objectifs de développement précis, dits Objectifs du Millénaire pour le développement (Omd). En 2002, suite au constat que les ressources mobilisées étaient tout à fait insuffisantes, la communauté internationale se retrouve à Monterrey, au Mexique. Cette conférence avait pour objectif de résoudre le problème du financement du développement dans le monde. En 2004, à Marrakech au Maroc, les Ptf et le Comité d’aide au développement de l’Oecd ont affirmé leur engagement à promouvoir un partenariat mondial pour la gestion axée sur les résultats en matière de développement. Les ministres chargés de la promotion du développement, et responsables d’organismes bilatéraux et multilatéraux d’aide au développement, se sont réunis à Paris le 2 mars 2005, et ont pris la résolution d’améliorer l’efficacité de la gestion de l’aide à travers cinq principes fondamentaux : appropriation, alignement, harmonisation, gestion axée sur les résultats et responsabilité mutuelle. En Afrique, les ministres chargés de la promotion du développement et les responsables d’organismes bilatéraux et multilatéraux d’aide au développement ont entériné la déclaration d’Accra (Ghana) le 4 septembre 2008 en vue d’accélérer et d’amplifier la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. Il s’agit de (i) renforcer l’appropriation par les pays: élargir le dialogue au niveau des pays; (2) bâtir des partenariats plus efficaces et plus ouverts: réduire la fragmentation de l’aide qui représente un coût ; (3) obtenir des résultats sur la voie du développement et rendre compte de ces résultats. La gestion de la performance, aussi appelée la gestion axée sur les résultats (Gar), peut être définie comme une stratégie générale de gestion visant à atteindre d'importants changements dans la façon dont les organismes gouvernementaux fonctionnent, avec l'amélioration des performances (obtenir de meilleurs résultats) comme l'orientation centrale. La mesure de la performance concerne plus étroitement la production ou la fourniture de renseignements sur la performance et se concentre sur : (i) les aspects techniques de la clarification des objectifs, l'élaboration d'indicateurs, la collecte et l'analyse des données sur les résultats. L’identification et la formulation des indicateurs de performance claires et concis sont primordiales pour un bon système d’information sur les résultats. Il est alors nécessaire de fixer des objectifs pour chaque indicateur, en précisant ce qui est planifié dans l’atteinte des résultats à des dates précises, qui sera utilisé pour juger de la performance (respect des délais et coût, efficience, efficacité, impacts et durabilité des résultats). Etapes d’une stratégie de suivi et évaluation pour le Pse ? Le président Macky SALL a exprimé une ferme volonté de mettre en place une Cellule de S&E au sein de la présidence (dans son cabinet). Ce qui est une décision extrêmement importante, saluée par l’ensemble des partenaires du Sénégal, qui va contribuer à renforcer la gouvernance et donner plus de crédibilité au Sénégal dans la mobilisation des ressources du Pse. Il manquait véritablement une volonté politique de cette envergure pour propulser la pratique de la Gar et du S&E à un niveau aussi élevé dans notre pays. Etape 1 : Diagnostic institutionnel et cartographie des parties prenantes Quelle que soit la responsabilité de cette structure au niveau de la Présidence, il faudra tenir compte du rôle très important du ministère de l’économie et des finances à travers ses directions et agences spécialisées. L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) dont les missions essentielles sont entre autres : (i) la coordination technique de l'appareil statistique national ; (iii) réalisation d’études et de recherches sectorielles; (iv) la coordination des travaux conduisant aux choix de politique économique et financière à court terme. Ces différentes missions font de l’Ansd une Agence instrumentale dans toute élaboration de stratégie nationale de S&E du Pse. Son rôle de coordination technique de l’appareil statistique national (production et diffusion de données statistiques y compris les indicateurs nationaux et sectoriels), met l’Ansd au centre du dispositif national de S&E. La direction de la prévision et des études économiques (Dpee) du ministère de l’Economie et des Finances (Mef) à qui incombe la réalisation de toute étude et recherche sectorielle et macroéconomique. Elle a pour missions essentielles entre autres (i) mener la collecte et la gestion de l’information conjoncturelle; (ii) organiser la concertation entre les services concernés pour tous les choix de la politique économique et financière à court terme. Cette direction aura une position importante dans le dispositif national de S&E du Pse de par sa responsabilité de produire des études prospective et d’analyser les impacts des politiques socio-économiques du gouvernement. La Direction de la coopération économique et financière (Dcef) dont les missions sont entre autres (i) assurer la sélection et la programmation des projets et programmes (ii) rechercher les financements nécessaires à la réalisation de ces programmes (iii) assurer le suivi de la mise en oeuvre des programmes financés par les partenaires au développement et l’Etat. Cela fait de la Dcef la cheville ouvrière aussi bien du Pse que de son dispositif de S&E. La mise en place d’une structure de S&E du Pse au sein de la Présidence pour traduire la volonté du Chef de l’Etat, nécessitera une légère revue des rôles et responsabilités. Un système de S&E efficace se fonde en priorité sur la clarté de ses objectifs et des rôles et responsabilités des différents acteurs impliqués. Ainsi, les missions de la Cellule de S&E du Pse devront être définies assez clairement au plus vite car la mise en oeuvre du Pse a déjà démarré. D’autres structures importantes comme l’Apix qui est en charge du portefeuille d’investissements privés, vont aussi jouer un rôle important. L’élaboration de cette stratégie nationale de S&E du Pse devra démarrer par un diagnostic institutionnel rapide du système national de gestion de l’information incluant les systèmes sectoriels au sein des ministères. Ce diagnostic permettra de faire la cartographie de toutes les parties prenantes et devra inclure des structures telles que le Centre de suivi écologique (Cse) pour les aspects spatiaux des investissements et résultats du Pse. Pour les besoins de démocratisation l’information et de dynamique d’apprentissage autour des résultats, les universités seront incluses, notamment les Universités de Dakar, de Saint-Louis, l’Enea, l’Ens, etc. Il est important d’inclure la presse dans cette cartographie pour son rôle de diffusion d’alertes et de résultats du Pse. Etape 2 : Actualisation du cadre de résultats et des indicateurs de performance du Pse Une étape important dans la conception de la stratégie nationale de S&E du Pse est la définition claire d’un cadre de résultats pour fixer périodiquement les résultats. Le résultat peut être défini comme un changement descriptible et mesurable d’une situation donnée dû à une relation de cause à effet induite par une intervention. A chaque niveau de résultats, seront définis des indicateurs de performance clairs, outils d’analyse et de mesure quantitative ou qualitative des niveaux d’avancement dans l’atteinte des résultats. Les indicateurs de performance du Pse devront être présentés sous une forme pyramidale avec au sommet des indicateurs qui mesurent la croissance et le bien être des populations. Tous les autres indicateurs à tous les niveaux devront contribuer de façon ascendante à l’amélioration de la croissance économique et du bien être des populations. Etape 3 : Définition des mécanismes de suivi et évaluation du Pse La cartographie des parties prenantes et le cadre de résultats seront la base d’une bonne définition des mécanismes de S&E performants. La mise en place du système de suivi-évaluation pour le Pse pourrait être assuré à travers deux composantes: (i) une composante suivi des résultats de gestion et immédiats ayant pour finalité le suivi des réalisations et (ii) une composante évaluation des effets et impacts, ayant pour finalité l'évaluation des effets du Pse. Les objectifs du système de Suivi et évaluation (S&E) du Pse pourraient être : (i) mesurer la progression dans la mobilisation des ressources, la performance dans l’atteinte des résultats; (ii) prendre la mesure de l’évolution d’indicateurs spécifiques retenus pour les ministères et agences gestionnaires; (iii) mettre à la disposition des décideurs, des gestionnaires, des différents partenaires, des informations quantitatives et qualitatives pour l’ajustement des politiques, et des interventions ; (iv) fournir les données pour la communication, dans la perspective de la création d’un environnement d'information transparente. Etapes suivantes : Système d’information, mesures d’accompagnement Ces différentes étapes opérationnelles dépendront de ce qui a été adopté dans les étapes précédentes. Il s’agira de mettre en oeuvre le système de S&E en respectant les mécanismes prédéfinis et les rôles et responsabilités des différents acteurs à tous les niveaux. La mise en place d’un système d’information qui serait web-based est essentielle pour l’efficacité du partage de l’information sur la mise en oeuvre et les résultats du Pse. Les contours et cahiers de charges d’un tel système seraient mieux définis en relation avec l’Adie qui serait en charge de la conception et la mise en place ainsi que de la formation des différents utilisateurs. Enfin, les mesures d’accompagnement seront nécessaires pour accompagner les acteurs d’un tel système de S&E en termes de renforcement des capacités continu. Ces mesures d’accompagnement devraient être définies selon les besoins des différents acteurs concernés. Par Abdourahmane BA Citoyen Sénégalais, fonctionnaire international Expert en S&E de politiques et programmes de développement Abuja, Nigeria

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